Qu’est-ce qui a motivé ce projet ?
Dans notre monde de plus en plus marqué par les conflits armés et les guerres, la redistribution injuste des ressources, la faim, les catastrophes climatiques et les crises de réfugiés, la culture, l’art, la littérature et la science ont (plus que jamais) un rôle à jouer pour unir les sociétés et les peuples. Ils ont pour mission d’inscrire dans le social une idée de l’humain digne de l’homme. L’association Initiative AFRIEUROTEXT est fermement convaincue que la culture, l’art, la littérature et la science permettent non seulement de jeter des ponts entre les cultures, mais aussi d’instaurer la paix sociale. L’Autriche est un pays de l’UE et entretient des relations diverses avec d’autres pays du monde. C’est donc une plus-value pour notre précieux champ social et culturel qu’est l’Autriche, si les relations de notre monde sont rendues visibles et compréhensibles de manière différenciée aux personnes vivant en Autriche, dans le sens d’une culture du dialogue, de l’échange et de la paix. Le présent projet a donc pour objectif d’attirer l’attention d’une large partie de la société civile autrichienne et européenne sur les interactions de notre présent par le biais de manifestations culturelles, scientifiques et artistiques de nature et de forme différentes, dans le sens d’une participation à la politique de l’éducation. Cela permet de briser les modes de pensée ancestraux et sclérosés. Il s’agit de déclencher un processus de réflexion. Ce projet s’inscrit dans la vision et la mission d’AFRIEUROTEXT, à savoir apporter une contribution durable à une culture de l’échange, du dialogue, de la paix et de la pensée et de l’action différenciées à l’échelle autrichienne et européenne. AFRIEUROTEXT accorde une grande importance aux textes ou à la « textualité » de notre monde. Les textes, qu’ils soient littéraires ou non, permettent d’avoir une vision approfondie des thèmes et des préoccupations des sociétés concernées. Les textes peuvent contribuer à une observation différenciée des rapports sociopolitiques et économiques, des structures et des constitutions des sociétés africaines et européennes, ainsi qu’à une culture du respect mutuel et de la paix. La notion de texte d’AFRIEUROTEXT doit être comprise – au-delà des mots écrits ou parlés – dans un sens plus large comme une référence aux relations, aux contingences et aux contiguïtés, comme une référence aux dimensions tissées de notre quotidien. La confrontation avec des textes pour une culture de l’échange, du dialogue, de la paix et de la pensée et de l’action différenciées fait partie des caractéristiques essentielles d’une culture démocratique.
Neun Veranstaltungen wurden von Januar bis Dezember 2019 in diesem Jahresprogramm über die Bühne gebracht.
1. 1ère fête annuelle de rue et de commémoration AFRIEUROTEXT
La fête de rue et de l’année commémorative 2019 d’AFRIEUROTEXT a eu lieu le 30 mars au Max-Winter-Park dans le 2e arrondissement de Vienne. Elle était placée sous la devise « Dialogue, tolérance et acceptation comme garants d’une cohabitation pacifique » et s’inscrivait dans la culture du souvenir de l’extermination des Juifs et d’autres peuples dans des camps de concentration par le national-socialisme ainsi que dans la culture du souvenir de l’exploitation et de l’extermination des Africains dans des plantations coloniales et des colonies minières. Le psychiatre Frantz Fanon ainsi que les écrivains Joseph Roth et Franz Kafka voient dans ces faits historiques cruels le fondement de la fraternité entre les Juifs et les Noirs. Nous vivons à une époque où les modes de pensée hérités marquent tellement notre présent que de plus en plus de fantasmes politico-psychiques d’une société sans l’autre font rage et deviennent acceptables. Dans ce contexte, l’AFRIEUROTEXT-STRASSEN- und GEDENKJAHRFEST 2019 s’est fixé pour objectif de mettre l’accent sur le dialogue, la tolérance et l’acceptation comme garants d’une cohabitation pacifique.
Voici quelques photos de la fête :
C’était le programme cadre de la fête de rue :
1. Pour les enfants :
13:00 MONDES SONORES AFRICAINS-EUROPÉENS : Atelier de percussion et de danse pour enfants avec le danseur professionnel Jules Mekontso Les enfants incarnent l’avenir de notre monde. Il est donc nécessaire d’éveiller la conscience et l’intérêt pour la diversité culturelle de manière ludique, notamment chez les jeunes enfants, afin d’élargir leur horizon et de contribuer au bien-être de notre société. Cela se fait selon la devise « le plus tôt sera le mieux ».
15h00 LECTURE pour enfants et adultes avec accompagnement musical – Lecture de courts récits tirés d’un répertoire varié de livres pour enfants d’auteurs européens et africains avec accompagnement musical. Il s’agit d’éveiller la conscience et l’intérêt des enfants pour la diversité culturelle.
– Eva Schörkhuber (écrivain du 2e arrondissement)
Librairie AFRIEUROTEXT
STAND DE LIVRES ET SALON DE LECTURE : l’assortiment complet de la librairie AFRIEUROTEXT a été exposé – de riches stands de livres axés sur l’AFRIQUE et l’EUROPE ont été mis à la disposition des visiteurs.
CULTURE AFRICAINE : de délicieuses spécialités africaines pour les gourmands de 13:00 à 22:00 heures.
17:00 TABLE RONDE : LE DIALOGUE, LA TOLÉRANCE ET L’ACCEPTATION, GARANTS D’UNE COHABITATION PACIFIQUE
19:00 PERFORMANCE DE DANSE – Jules Mekontso (danseur professionnel) et son groupe de danse « Afro Yemba ».
22:00 Fin de la fête
Important : La fête de rue et de commémoration d’AFRIEUROTEXT a en outre soutenu l’école de formation professionnelle pour femmes AfriEurotext actuellement en cours de création à Yaoundé/Cameroun sous le nom de projet KILET KIASS (NOTRE PAIN) Première phase : ouverture d’une boulangerie de formation / groupe cible : jeunes femmes issues de milieux pauvres / âge compris entre 15 et 22 ans. Pour plus de détails, voir le dépliant du projet.
2. TABLE RONDE : DIALOGUE, TOLÉRANCE ET ACCEPTATION COMME GARANTS D’UNE COHABITATION PACIFIQUE
Cet événement a eu lieu le 30 mars 2019 à 17h00 au GB*STADTTEILBÜRO UND NACHBARTER-SCHAFTSGARTEN MAX-WINTER-PLATZ 23, 1020 VIENNE dans le cadre de la fête annuelle de la rue et de la mémoire AFRIEUROTEXT. Nous vivons à une époque où faire de la propagande avec la figure de l’Autre culturel ou de l’étranger est devenu un travail comme un autre. A l’époque des fantasmes politico-psychiques d’une société sans l’autre, l’hostilité est devenue la caractéristique fondamentale de l’imagination ou de la faiblesse démocratique actuelle. Dans son dernier essai – intitulé Politiques de l’inimitié (2016) – le chercheur camerounais en histoire et en sciences politiques Achille Mbembe se plonge dans l’officine du psychiatre martiniquais (Frantz Fanon) pour proposer une guérison psychanalytique de notre présent. Cette table ronde a eu lieu dans le cadre de la fête de rue et de commémoration AFRIEUROTEXT 2019 et était placée – tout comme la fête de rue – sous la devise « Dialogue, acceptation et tolérance, garants d’une cohabitation pacifique ». La table ronde s’est fixé pour objectif d’explorer des issues aux logiques d’hostilité persistantes, afin de repenser différemment les sensibilités et les constellations politiques, culturelles et économiques de notre présent.
Dr Daniel Romuald Bitouh, chercheur en culture et littérature, directeur d’AFRIEUROTEXT (association culturelle et librairie) Modérateur : Simon INOU, journaliste, fondateur et rédacteur en chef de Fresh Magazine Date : 30 mars 2019, 17h00
3. SOIRÉE LITTÉRAIRE – CELEBRATING THE WORLD OF SHEA
Cet événement a eu lieu en coopération avec la petite association SaWaShea le 26 juin 2019 de 19h00 à 22h00 à la librairie AFRIEUROTEXT (Lassallestrasse 20 / 3, 1020 Vienne).
De nombreuses lectures d’extraits de textes de la littérature mondiale ont eu lieu, dans lesquelles les significations sociales, médico-thérapeutiques, économiques et culturelles du fruit appelé karité ont été abordées. Les lectures et les discussions stimulantes qui ont suivi ont été accompagnées par le virtuose du ngoni Adama Dicko.
4. MIGRATION, ÉCONOMIE et DIGITALISATION CONSIDÉRÉES D’UNE PERSPECTIVE AFRICAINE
Cet événement a eu lieu le 3 juillet 2019 de 18h à 20h30 à la librairie AFRIEUROTEXT (Lassallestrasse 20 / 3, 1020 Vienne). Les organisations de la diaspora africaine d’Autriche, des acteurs à prendre au sérieux. Comment le potentiel entrepreneurial, l’expérience du terrain et l’expertise des organisations de la diaspora africaine d’Autriche peuvent-ils être utilisés en cette période de post-connexion pour la mise en œuvre de projets, d’initiatives ou d’investissements créateurs d’emplois dans les pays africains ?
Le terme de période de post-réseautage (concernant les organisations de la diaspora africaine) ne signifie en aucun cas que le travail de réseautage a perdu de son importance, mais il met surtout en évidence un travail des organisations de la diaspora africaine davantage orienté vers l’action et la mise en œuvre, qui vise à changer durablement les conditions de vie des personnes, c’est-à-dire également les rapports de pouvoir sur place. A une époque où les dirigeants et décideurs africains à long terme ont fait du détournement de l’argent des impôts que les femmes des marchés, les vendeurs de bananes ou de manioc et les journaliers paient à l’Etat leur sport favori. S’il y a peu ou plus rien à attendre d’en haut (c’est-à-dire des dirigeants africains à long terme), cela doit venir d’en bas ou de projets et d’organisations de base. Le 18 décembre 2018, le sommet UE-Afrique s’est tenu à Vienne, au cours duquel les hommes et femmes d’État africains et européens se sont engagés à considérer les pays africains comme des partenaires économiques d’égal à égal à l’avenir. Le thème de la numérisation y a joué un rôle de leitmotiv, « Taking cooperation to the digital age ». Le thème de la migration de l’Afrique vers l’Europe ne semblait certes pas être au premier plan, mais il était présent et résonnait de temps à autre dans les discussions. Car il s’agit finalement de créer des emplois pour le nombre constamment croissant de jeunes africains et de concrétiser ainsi des perspectives. Les décideurs politiques européens réunis se sont donc mis d’accord pour augmenter et stimuler les investissements économiques européens en Afrique et pour créer un cadre légal afin que cela se fasse de manière non bureaucratique. Néanmoins, pour que ces intentions de partenariat différencié avec les pays africains deviennent une réalité tangible, la prise en compte des organisations de la diaspora africaine d’Autriche et leur implication dans la mise en œuvre pratique sont indispensables et incontournables. Cela ne devrait pas être unilatéral, l’entreprise de petites ou de grandes entreprises autrichiennes. Les organisations de la diaspora africaine d’Autriche ne sont pas seulement des éléments constitutifs de l’environnement d’un projet, mais elles doivent à l’avenir être placées au centre de l’attention en tant que partenaires nécessaires dans la gestion des « angles morts ». N’est-il pas temps d’encourager davantage les projets créateurs d’emplois initiés et mis en œuvre dans les pays africains par les organisations de la diaspora africaine d’Autriche ? Des partenariats gagnant-gagnant s’ouvrent entre les petites, moyennes et grandes entreprises autrichiennes et les pays africains. La table ronde avait pour objectif de convaincre la société civile autrichienne et surtout les institutions de financement autrichiennes compétentes de ce fait et d’élaborer ensemble des plans de mise en œuvre. Des textes sur l’économie et la numérisation concernant le continent africain ont servi d’amorce à la discussion. Au cours de la discussion, il s’est avéré que l’éducation et surtout la formation (professionnelle) sont des conditions fondamentales pour une gestion efficace et confiante de notre ère numérique. Les dirigeants à long terme ne sont pas les seuls à poser problème : dans de nombreux pays africains, on constate un net fossé infrastructurel entre les zones urbaines et rurales en ce qui concerne la diffusion, l’application et l’utilisation des médias numériques.
Un minimum d’investissements infrastructurels semble être une condition préalable pour pouvoir utiliser durablement les médias numériques de manière productive. Malgré ce fait incontestable, les sociétés africaines subissent une (trans)formation grâce à leur entrée dans l’ère des nouveaux médias. Qu’une application doive apporter une réponse à une question concrète est un fait vérifiable dans le contexte africain. La « raison algorythmique » a atteint les zones rurales d’Afrique, influençant et façonnant le quotidien des agriculteurs et agricultrices. Le développement d’applications ne peut jamais être une fin en soi. Le fait que la numérisation et l’industrialisation vont de pair se manifeste dans de nombreux pays européens. Seules les nouvelles technologies de l’information démontrent chaque jour leur capacité d’adaptation. Elles s’adaptent aux réalités sociales et repoussent continuellement les limites du pensable et du faisable. Environ 18 millions de Rwandais et de Kényans disposent aujourd’hui d’une connexion haut débit performante, grâce aux câbles sous-marins. L’ère numérique inclut également les énergies renouvelables. Tout cela semble propulser notre monde entier dans une nouvelle (post-)modernité. Cependant, si l’on prend en compte le fait que la numérisation s’accompagne d’abus de données, on peut se demander quels dangers la numérisation complète des sociétés africaines pourrait comporter. Par exemple, la numérisation du sujet et de la vie privée, le sujet étant réécrit par la « raison algorythmique ». D’un autre point de vue, il est indéniable que la numérisation représente également un immense potentiel économique, social et politique pour les sociétés africaines. Tout n’est pas négatif. Il n’y a que des défis qui peuvent être relevés.
PODIUM
Dr. Ing. Günter SCHALL, Directeur du Département Économie et Développement à l’ADA (Austrian Development Agency)
Dr. Andreas MELÁN, Directeur du Département Afrique au BMEIA
Mag.a Nella HENGSTLER, Experte de l’Afrique à la Chambre de Commerce d’Autriche
Pascaline SALAY, entrepreneuse de la RDC vivant en Autriche
Modération : Dr. Daniel Romuald Bitouh, Directeur d’AFRIEUROTEXT (Organisation culturelle et librairie avec des agendas de développement et d’entrepreneuriat social en Autriche et dans les pays africains).
Dans le cadre de cet événement, l’école professionnelle pour femmes AfriEurotext, actuellement en cours de création sous le nom de projet KILET KIASS (NOTRE PAIN) à Yaoundé/Cameroun, a été présentée publiquement.
Première phase : ouverture d’une boulangerie de formation / Groupe cible : jeunes femmes issues de milieux défavorisés / Âge entre 15 et 22 ans. Des détails supplémentaires sont disponibles dans le flyer du projet.
5. CONFÉRENCE : Le rôle de la Chine dans l’économie africaine, à l’exemple du Sénégal
Cet événement a eu lieu le 13 juillet 2019 à 12h00 dans le cadre du Kenako Afrika Festival à Berlin.
L’influence chinoise en Afrique est difficilement contestable, divers projets d’infrastructure, de génie civil et d’éducation se réalisent dans les pays africains en coopération avec des entreprises chinoises. Le président chinois Xi Jinping visite régulièrement le continent africain. En 2018, il a visité, par exemple, le Sénégal pour renforcer la coopération économique. Comment le Sénégal peut-il en bénéficier et quels sont les dangers potentiels d’une collaboration aussi étroite ?
Conférencier : Dr. phil. Daniel Romuald Bitouh
6. SOIRÉE LITTÉRATURE ET RÉFLEXION SUR L’HÉRITAGE DE NELSON MANDELA
Politique et poétique du possible / Soirée littéraire dédiée à l’Afrique du Sud à l’occasion de la Journée Nelson Mandela.
Cet événement a eu lieu le 31 juillet 2019 de 19h à 22h à la librairie AFRIEUROTEXT (Lassallestrasse 20 / 3, 1020), à l’occasion du 101ème anniversaire de Nelson Rolihlahla Madiba Mandela [nelsɒn xoˈliɬaɬa maˈdiːba manˈdeːlaˈ] (1918-2013).
Figure politique de dimension mondiale, Nelson Mandela est entré dans l’histoire comme une personnalité immortelle qui a œuvré non seulement pour la fin et l’éradication du régime de l’apartheid en Afrique du Sud, mais qui a également, par son inlassable travail pour la paix, posé les bases d’une coexistence pacifique dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Mandela est ainsi devenu une source d’inspiration pour des millions de personnes à travers le monde et reste à jamais gravé dans la mémoire collective mondiale.
Au centre de la soirée littéraire et de réflexion se trouvaient des textes d’auteurs sud-africains traitant poétiquement ou en prose de l’histoire, du présent et de l’avenir de la « nation arc-en-ciel ». Divers acteurs de la communauté africaine vivant à Vienne ainsi que de la société civile autrichienne ont échangé leurs pensées sur l’œuvre de Nelson Mandela et ont analysé de manière constructive et productive la situation actuelle en Afrique du Sud.
Achille Mbembe, politologue et historien d’origine camerounaise vivant et travaillant à Johannesburg depuis les années 1990, décrit l’Afrique du Sud post-apartheid comme un pays où l’avenir de notre monde se déroule différemment de l’Europe, un pays à un carrefour paradoxal. Les écrivains et poètes sud-africains comme Ivan Vladislavić, Imraan Coovadia, Antjie Krog et Koleka Putuma, chacun à sa manière, soulignent la complexité de l’écriture dans l’Afrique du Sud contemporaine.
Ivan Vladislavić, écrivain sud-africain d’ascendance irlandaise et croate, explore la recherche complexe de nouvelles formes de coexistence dans une société post-apartheid obsédée par la sécurité. Son roman *Exploded View. Johannesburg* (2004) entraîne le lecteur dans les méandres de la métropole mondiale Johannesburg, une ville que Mbembe décrit ainsi avec optimisme et en guise de prophétie : « La particularité de cet endroit est qu’il appartient à plusieurs mondes en même temps. Il y a des quartiers qui ressemblent à Los Angeles. D’autres, à Kinshasa. Les gens viennent du monde entier. C’est ce caractère cosmopolite de Johannesburg qui est unique. » (1). La talentueuse artiste Natascha Merveille Bope a lu des passages du roman *Exploded View. Johannesburg*.
Imraan Coovadia, écrivain sud-africain d’origine indienne, dont les ancêtres ont émigré en Afrique du Sud, aborde dans ses écrits critiques les tensions entre espoir et résignation. Une partie de la communauté sud-africaine d’origine indienne a combattu aux côtés des Noirs sud-africains contre l’apartheid. Cependant, après la chute du régime, elle s’est sentie abandonnée. Dans son roman *Vermessenes Land* (2016), Coovadia décrit une classe moyenne indienne qui, malgré une certaine ascension économique, reste confrontée à la discrimination. John Osamwony a lu des extraits de *Vermessenes Land*. Coovadia décrit également dans son roman *Gezeitenwechsel* (2011) une Afrique du Sud où les Noirs occupent des positions de pouvoir, mais où le pays est encore loin d’être un paradis. Ce roman se déroule pendant le mandat de Thabo Mbeki, qui a nié le lien entre le VIH et le SIDA, rendant la discussion sur cette épidémie très complexe.
Antjie Krog, originaire du Cap et fille de fermiers boers, s’est distinguée dès son adolescence comme militante contre l’apartheid. Dans son livre *Country Of My Skull* (1998), elle réfléchit sur la Commission Vérité et Réconciliation instituée par Nelson Mandela en 1996, destinée à préparer le terrain pour une coexistence pacifique dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Krog critique le fait que la commission soit devenue une scène où d’anciens bourreaux se présentent comme des victimes. Krog a d’abord écrit en afrikaans, la langue des bourreaux, et après la fin de l’apartheid, elle s’est interrogée sur la langue dans laquelle écrire à l’avenir. Ses textes ont été lus par Christina Bauer et Melissa Bope.
Koleka Putuma, née en 1993, appartient à la génération sud-africaine appelée « born free » (les nés libres). Avec une langue acérée, elle dissèque une nation encore marquée par les symptômes de la ségrégation raciale. Son recueil de poèmes *Collective Amnesia* (2017) pose des questions de manière radicalement différente. Ses poèmes ont été déclamés par Natascha Merveille Bope.
Les sujets abordés lors de cette soirée comprenaient : la répartition équitable des terres, l’écart entre riches et pauvres, et bien d’autres. Un rapport séparé est en préparation sur ces questions. Les écrivains sud-africains présentés représentent la diversité de la société sud-africaine.
(1) Citation de Claudia Kramatschek, *Zwischen Elegie und Aufbruch – Literarische Impressionen aus Südafrika*. Émission littéraire sur Deutschlandfunk, diffusée le 15 juillet 2018, p. 2.
La soirée a été clôturée par une conférence fascinante et instructive sur l’héritage de Nelson Mandela, présentée par Dr. Yves Ekoué Amaizo.
7. PRÉSENTATION DE LIVRE : >> Idil und Warsame << de Warsame Ahmed Amalle
Un voyage différencié dans un pays complexe et merveilleux : la Somalie.
Cet événement a eu lieu le 10 octobre 2019 de 19h à 22h à la librairie AFRIEUROTEXT (Lassallestrasse 20 / 3, 1020).
Le jeune nomade Warsame, d’abord honteux de s’occuper de tâches réservées aux filles, rencontre Idil, une jeune fille vive et intelligente. Leur histoire d’amitié et d’amour naissant est un prétexte pour explorer la culture et la société somaliennes, souvent méconnues ou stigmatisées dans les médias. Le roman *Idil und Warsame* invite à découvrir la culture somalienne sous un angle positif et nuancé.
Quelques photos de la soirée littéraire :
Cet événement a remplacé celui initialement prévu, intitulé : Juifs africains de Vienne – Africains juifs : Des intersections culturelles productives*.
8. LECTURE : >> Wo wir stolpern und wo wir fallen << d’Abubakar Adam Ibrahim
Cet événement a eu lieu le 17 octobre 2019 de 19h00 à 21h00 à la Bibliothèque principale de Vienne (Urban-Loritzplatz 2a, 1070 Vienne), en coopération avec AFRIEUROTEXT.
Lecture en anglais :Abubakar Adam Ibrahim (auteur)
Lecture en allemand : Robert Reinagl (Burgtheater)
Traduction et modération : Simon INOU (journaliste et éditeur d’Afrikanet.info & Fresh Magazine)
Le roman *Wo wir stolpern und wo wir fallen* raconte une histoire d’amour interdite et poignante qui se déroule dans la ville de Jos, au Nigeria, marquée par la violence politique et religieuse. Reza, un trafiquant de drogue, fait irruption dans la maison de la veuve Binta Zubairu, pensant qu’il ne s’agit que d’une autre tâche quotidienne. Cependant, ce qu’ils ressentent l’un pour l’autre va à l’encontre de toutes les normes de la société musulmane traditionnelle. Cette relation entre une femme vieillissante, qui a perdu son fils, et Reza, de trente ans son cadet et chef d’un gang local, va à l’encontre des conventions sociales. Le roman propose un portrait riche et nuancé d’une société déchirée entre tradition et modernité.
Cet événement a remplacé la conférence initialement prévue, intitulée *African theological turn? Christentum in schwarzafrikanischer Lebenswirklichkeit*.
9. SYSTÈMES D’ÉCRITURE AFRICAINS COMME UNE HISTOIRE ALTERNATIVE : CONCEPTS D’ÉCRITURE ET DE LITTÉRATURE
Cet événement a eu lieu le 26 novembre 2019 de 18h30 à 21h30 à la librairie AFRIEUROTEXT (Lassallestrasse 20 / 3, 1020).
Contrairement à la thèse hégélienne du XIXe siècle, qui considérait l’Afrique comme un continent sans écriture, et donc sans histoire, il est prouvé que divers systèmes d’écriture sophistiqués ont été développés en Afrique. Parmi eux, on peut citer le système d’écriture Shümom du peuple Bamoun au Cameroun (post-)colonial, le système d’écriture N’Ko en Guinée Conakry, et le système d’écriture amharique en Éthiopie. Le roman historique *Der Schatten des Sultans* de l’écrivain camerounais Alain Patrice Nganang met en scène le système Shümom comme une alternative à la conception eurocentrée de l’écriture.
La question clé du débat portait sur la manière dont ces systèmes d’écriture peuvent être intégrés dans un projet de contre-histoire, en remettant en question la conception dominante de l’écriture et de l’histoire. Le débat a également exploré la fonction sociopolitique de ces systèmes dans le contexte africain (post-)colonial, en élargissant la discussion à d’autres systèmes d’écriture. L’objectif de l’événement était de sensibiliser à ces conceptions alternatives, non seulement en matière d’écriture, mais aussi d’organisation littéraire et sociétale.
Événements planifiés non réalisés en raison de contraintes financières :
– Art africain / Peinture et la modernité européenne
– Folie et société : sur la psychiatrie politique contemporaine
– Charlotte Brontë et Mongo Beti sur les rituels d’humiliation patriarcaux et matriarcaux
– *Die Spur des Anderen*, un roman de Patrick Chamoiseau
Le club culturel AFRIEUROTEXT remercie toutes les institutions qui ont soutenu financièrement son programme de 2019. En 2020, le club continuera à organiser des événements culturels promouvant le dialogue, la coexistence pacifique et la réflexion différenciée au sein de la société civile autrichienne.